Des individus comme Steve et Bruna consacrent leur temps et leur énergie à protéger leurs concitoyen·ne·s, à répondre aux urgences et à faire face à des situations parfois périlleuses. À travers leur expérience personnelle, les deux offrent un aperçu précieux de ce qui motive les volontaires à s’engager, des défis qu’ils·elles rencontrent et des joies retirées de cet engagement.
L’engagement des pompiers volontaires est souvent motivé par des expériences personnelles, des influences externes ou simplement un désir de faire la différence. Pour Bruna Neto, son aventure a débuté à l’âge de 9 ans grâce à l’influence d’une connaissance de ses parents. « J’étais à la recherche d’un hobby et j’ai décidé d’essayer », explique la jeune femme de 21 ans. « Mes parents m’ont poussé à l’époque, mais aujourd’hui je les remercie. » Au fil des ans, cette curiosité initiale s’est transformée en passion. « Aider les autres, ça fait la différence. »
Steve Dadario, lieutenant du CIS et président de l’Amicale CIS Sanem-Differdange (CIS SaDiff), quant à lui, a rejoint les pompiers à l’époque de la Protection Civile. En 1996, c’était assez simple. « Tu suivais le cours, tu te présentais au centre – à l’époque, c’était rue du Stade à Belvaux – et dès que le chef de centre donnait son accord, tu pouvais partir avec lui », cet homme de 49 ans.
« Mes parents m’ont poussé à l’époque, mais aujourd’hui je les remercie. » – Bruna Neto, pompière volontaire
30 ans plus tard, il se souvient de son premier cours de premiers secours à Belvaux comme d’un moment charnière. « À l’époque, je ne savais pas que cela prendrait une si grande partie de ma vie », dit-il. Bien que gratifiant, le volontariat comme pompier présente également des défis non négligeables. Le corps des sapeurs-pompiers au Luxembourg se compose en grande partie de volontaires. Selon le CGDIS, en 2019, encore 90% des pompiers étaient des volontaires. Ici, à la Scheierhaffstrooss, le centre compte 91 volontaires et 21 professionnel·le·s. « On demande beaucoup aux volontaires et nous sommes heureux d’en avoir autant ici », explique le lieutenant.
Formations continues
Steve souligne que les exigences auxquelles sont confrontés les pompiers motivé·e·s ont considérablement augmenté au fil des ans. « Aujourd’hui, il ne suffit plus de vouloir aider. Il faut passer de nombreuses formations, respecter des normes strictes et être toujours prêt à intervenir », explique-t-il. « Cela peut prendre jusqu’à un an avant d’être vraiment opérationnel. Pour certains, c’est trop long. »
Des séances de formation sont régulièrement organisées pour garantir que chaque membre est au courant des dernières techniques et protocoles. « La formation continue est essentielle pour notre efficacité. Nous devons être en mesure de réagir à toutes sortes de situations », explique Bruna. Ces formations renforcent non seulement les compétences individuelles, mais aussi la cohésion d’équipe.
La réforme des services de secours au Luxembourg date d’un peu plus de cinq ans. Une réforme qui a donné naissance au CGDIS. Une réforme saluée par Steve. « Ce que nous avons demandé a été fait. C’était trop à gérer. Il n’aurait pas été possible de faire autrement. » Avec +/- 6 000 interventions, le SaDiff se positionne en 3ième place avec le plus d’interventions accomplies au pays. 5 284 étaient à bord de l’ambulance (volet blanche, comme on l’appelle dans le jargon) et 732 à bord du camion (volet rouge). « Vendredi dernier, on a compté 29 interventions en ambulance. 7 à 8 interventions en 8 heures. » Même si tout n’est pas encore idéal, Steve est conscient qu’une réforme nécessite du temps.
Équilibre entre vie privée et engagement
Pour Bruna, la réalité de son engagement peut être stressante. « Il y a des moments où l’on se retrouve dans des situations compliquées. » Par exemple, les interventions d’urgence peuvent survenir à tout moment. Cela demande beaucoup d’engagement personnel. « On doit mettre des priorités, prendre des décisions. » La jeune motivée a réussi sa dernière année de lycée et pris chaque moment libre de venir au centre. « Pour se changer les idées, pour être avec ses collègues. »
Un autre défi majeur est de concilier responsabilités personnelles et professionnelles. Pour Steve, la famille passe avant tout, mais il doit souvent donner la priorité à ses engagements de pompier. « C’est un équilibre délicat. Certains ne veulent plus s’y engager, et c’est tout à fait compréhensible », explique-t-il.
Malgré ces défis, il est essentiel de transformer la pression en motivation. « J’ai assisté à une naissance, c’était vraiment un moment fort. Et il ne faut pas oublier l’aspect social. Nous passons beaucoup de temps ici au centre », raconte Steve en hochant la tête. « C’est pour ça qu’on donne en retour. Nous avons une nouvelle cuisine et une salle de sport. » Ces deux espaces sont parfaitement équipés, comme nous avons pu le constater en visitant le centre.
Le quotidien des pompiers volontaires est aussi varié que stimulant. Les journées ne se ressemblent jamais et peuvent inclure des formations, des interventions d’urgence, ainsi que des activités de sensibilisation. Bruna explique que chaque garde commence par une préparation minutieuse. « Avant chaque sortie, nous devons contrôler tous les équipements. C’est un processus essentiel pour garantir notre efficacité », dit-elle. Le sérieux de ces préparations témoigne de l’importance primordiale que le SaDiff accorde à la sécurité.
Culture de la camaraderie
De l’autre côté, l’équipe à la Scheierhaffstrooss trouve de nombreux moments de plaisir et de camaraderie. Bruna évoque les moments passés avec ses collègues. « Nous cuisinons ensemble, faisons du sport, et cela nous permet de nous décharger après une journée stressante. » La solidarité au sein de l’équipe est ce qui rend tout cela si spécial. Ainsi les deux évoquent le traditionnel « Specknomëtten » du SaDiff.
Steve partage également des souvenirs joyeux : « Il y a des moments que je n’oublierai jamais. Parfois, nous avons des interventions inattendues qui nous laissent perplexes, comme la naissance de jumeaux. On était à deux en intervention, Thomas qui était en train de devenir infirmier, et moi. Il n’y avait pas de Samu disponible et à ce moment, je ne savais pas qu’il y aurait encore un deuxième bébé. » Steve faisait l’accouchement au couloir de l’hôpital à Esch/Alzette. « Quand l’ascenseur s’est levé, le personnel médical était en place. Ils m’ont donné une tape sur l’épaule et m’ont félicité. Maintenant, je ris, mais à l’époque, je pensais que j’allais tomber raide mort. »
Pour Bruna, chaque sourire de ceux·celles qu’ils·elles aident est une récompense inestimable. « Chaque fois qu’une personne peut sortir de l’hôpital après avoir été aidée, je me dis que tout cela en valait la peine. » Malgré tous les bons moments, les situations difficiles restent aussi dans les mémoires. « J’ai assisté à plusieurs accidents graves. C’était très dur et ça ne te laisse pas indifférent. Nous avons dû prendre des décisions et réagir de manière appropriée. Cela m’a marquée. », raconte-t-elle. Steve approuve sa collègue. « Cela ne laisse ni les vieux ni les jeunes indifférents. Nous avons les moyens nécessaires pour recourir à un soutien psychologique. C’est pourquoi il est rare que quelqu’un s’arrête après une telle expérience. »
L’engagement des pompiers volontaires inspire d’autres personnes à s’impliquer. Steve souligne que chaque nouveau membre apporte des perspectives nouvelles et des compétences qui renforcent l’équipe. « Nous sommes toujours heureux d’accueillir de nouvelles personnes motivées. Nous avons eu 15 candidats cette année. Une porte ouverte ne sert pas à un recrutement et nous n’avons pas le temps ni les moyens de le garantir – quelqu’un de vraiment motivé se présente lui-même. »
« C’est un équilibre délicat. Certains ne veulent plus s’y engager, et c’est tout à fait compréhensible. » – Steve Dadario, lieutenant du CIS et président de l’Amicale CIS SaDiff
Trouver de nouveaux·elles volontaires restera un défi. « Nous sommes bien placés, mais les directives du CGDIS changent », estime Steve. « A l’avenir, notre centre devrait être occupé par 16 personnes par équipe. Actuellement, la moyenne est de 10. » C’est pourquoi la priorité consiste à mettre l’accent sur les jeunes motivé·e·s au SaDiff. Cette année, les jeunes du centre participaient aux Jeux internationaux des jeunes sapeurs-pompiers à Borgo Valsugana.
En conclusion, l’engagement des pompiers bénévoles, comme celui de Steve et Bruna, est un témoignage puissant de la force des personnes qui s’engagent volontairement dans notre société. Ils·elles affrontent des défis, mais trouvent également des moments de joie et de camaraderie dans leur travail. Leur détermination à aider les autres et à s’investir dans leur communauté témoigne de l’importance du volontariat. En fin de compte, le travail des pompiers volontaires est un véritable acte de bravoure, qui mérite d’être célébré et encouragé dans nos communautés.