Têtes Chercheuses

Sur RTL Télé Lëtzebuerg et YouTube, la deuxième saison de l’émission scientifique Take Off, un défi mêlant compétition et découverte, est diffusée jusqu’au 30 mars 2025. L’an dernier, plus de 150 jeunes âgé·e·s de 15 à 21 ans s’y sont inscrit·e·s. Parmi eux·elles, deux talents de notre commune ont réussi à se hisser parmi les douze finalistes, atteignant même le carré final des quatre dernier·ère·s. Nous les avons rencontrés sur le site de Belval pour en apprendre davantage sur leur expérience, devant et derrière les caméras.

Le prix de 10 000 euros est certes impressionnant. Pourtant, ce n’est pas l’appât du gain qui pousse ces jeunes à participer à « Take Off ». Cette émission, fruit d’une collaboration entre la Fondation André Losch et le Fonds National de la Recherche, a su, depuis son lancement en 2023, allumer une étincelle chez les passionné·e·s de science. « Enfant, j’adorais regarder des émissions comme 1, 2 oder 3 ou le Tigerenten Club. Participer à un tel programme a toujours été un rêve. J’hésitais à m’inscrire pour la saison 2 de Take Off. Mais un matin, en entendant la publicité à la radio et après en avoir parlé à ma mère, je me suis décidé spontanément sur le chemin de l’école », raconte Lenny Meyers. Résidant à Belvaux, ce jeune de 17 ans fréquente le lycée et l’internat à Echternach. Passionné par les projets extrascolaires, il recherche sans cesse de nouveaux défis.

« J’avais déjà été éliminé, mais ce dimanche 9 mars 2025, j’étais l’un des quatre candidat·e·s à avoir une chance de revenir. Avec Maxime, nous devions construire une voiture-fusée propulsée à l’éthanol pour le défi. Nous avons testé, encore et encore, jusqu’à réaliser qu’un trou d’une forme précise devait être percé dans le bouchon. Avec une bonne dose de chance, la voiture a franchi la ligne après un tour complet à 360 degrés. » Dans l’élan de la victoire, Lenny s’est jeté dans les bras de Maxime. « Cette montée d’adrénaline que procure l’émission est indescriptible. On est plongé dans une bulle de concentration. On ignore ce qui nous attend, mais on sait qu’il faut performer. Ce sentiment va me manquer une fois l’aventure terminée. »

Lenny Meyers

Le public devra attendre la fin mars 2025 pour découvrir le·la vainqueur·euse de cette deuxième saison. Pour les deux jeunes scientifiques de la Commune de Sanem, c’est l’aboutissement d’un long parcours. Le premier épisode a été tourné l’été dernier à Vianden, suivi des premières sessions en studio en août, puis de nouvelles en novembre, avant que la finale ne soit enregistrée en janvier 2025. Lors de notre échange, Lenny n’a rien dévoilé, tout comme Tim.

« Lors de la première saison, je reproduisais les défis à la maison. À l’école, on reste souvent dans la théorie, tandis qu’ici, on applique ses connaissances de manière concrète, ce qui est génial », confie Tim Dupont. Résidant à Soleuvre, il est scolarisé au Lycée Hubert Clément à Esch. Membre du club d’échecs et des scouts, il s’adonne aussi à un peu de fitness, mais sa véritable passion reste la science. « Il y a deux ans, j’avais postulé pour la première saison, sans succès. Un ami qui y avait participé m’a encouragé à retenter ma chance pour la saison 2. Une telle opportunité ne se présente qu’une fois dans la vie. » Pour Tim, le défi le plus marquant fut l’épisode Science Show. « On avait du temps pour réaliser des expériences amusantes, sans la pression habituelle. On pouvait se préparer, et les réactions du public étaient incroyables. » Lenny, lui, rétorque : « Moi, je préfère quand on ne sait pas à quoi s’attendre. Jusqu’ici, c’était souvent le cas dans cette émission. »

« Mon plus grand rêve serait de fonder ma propre entreprise, peut-être dans le secteur du Space Mining. » – Tim Dupont

Inspiré d’un concept estonien, où une émission similaire nommée Rakett69 rencontre un succès retentissant depuis des années, Take Off demande un travail colossal pour chaque épisode. Tout commence par des mois de préparation des défis et de la production, suivis de tournages étalés sur plusieurs mois, jusqu’au montage final, qui prend environ deux semaines par épisode. « Derrière les coulisses, c’était plus drôle que je ne l’imaginais », raconte Tim. « Les bêtisiers en donnent un aperçu. Par exemple, dans le studio, on lançait des blagues via le micro, audibles dans toute la salle. Ça détendait l’atmosphère, car c’était plus stressant que ce que les épisodes laissent paraître. »

L’Art de Patienter

Lenny partage cet avis. « Ce qui était le plus éprouvant, ce n’était ni le travail, ni l’action, ni la réflexion, mais l’attente. Parfois, tu te retrouvais assis par terre, simplement parce que tu attendais que la caméra soit repositionnée. Lors de l’épisode 7, consacré à l’architecture et à l’art, il y a eu un moment devant la caméra où j’étais tellement euphorique que j’ai complètement craqué de joie. On m’a alors demandé de retourner à la table, car ils voulaient me filmer de dos. Cinq minutes plus tard, j’ai dû recommencer à manifester ma joie. » Il arrivait que ces instants de bonheur soient filmés jusqu’à trois fois. « Une fois, mon groupe a dû patienter deux heures et demie avant notre tour. On nous avait installés dans une salle pour éviter tout contact avec les autres et risquer d’être prévenus à l’avance. À un moment, je m’ennuyais tellement que je me suis amusé à baisser et relever les stores ou à allumer et éteindre le projecteur. Certains jours de tournage, on restait debout jusqu’à dix heures d’affilée. »

Tim, lui, raconte d’autres astuces pour tromper le temps. « On nous a un jour conduits dans une petite pièce, et là, on a commencé à jouer au poker avec les touillettes en bois pour le café. » Lenny éclate de rire et ajoute : « On chantait, on jouait à la pantomime, on faisait même de la musique. Les meilleurs moments, c’était hors caméra, quand on s’amusait à faire des bêtises. Pendant le tournage, nos téléphones personnels étaient interdits. On nous avait donné un portable Take Off, censé servir à filmer pour les réseaux sociaux. Moi, j’y regardais parfois YouTube. »

Tim Dupont

À ce jour, dix épisodes de la deuxième saison ont été diffusés. Ce dimanche 16 mars 2025, à 19 heures, les quatre dernier·ère·s finalistes, dont Tim et Lenny, s’élanceront pour la dernière ligne droite. À chaque épisode, un·e candidat·e est éliminé·e, jusqu’à la grande finale du 30 mars 2025. Les deux jeunes jouissent déjà d’une petite notoriété. « Mes grands-parents sont toujours ravis, et ma mère est tellement fière quand elle me voit à la télévision », confie Lenny. « Mes camarades sont contents aussi, mais beaucoup ne regardent pas la télé. Ils·Elles se contentent des extraits ou des résumés. Ceux qui suivent vraiment le programme le font sur YouTube. » Au lycée, certain·e·s les abordent parfois. « Un jour, j’étais dans le vestiaire en train de m’habiller quand une autre classe est entrée. Ils m’ont demandé si j’étais bien celui de Take Off. Ensuite, deux d’entre eux ont débattu pour savoir si c’était vraiment moi », sourit Lenny. Il n’a pas encore eu d’expériences négatives, mais il pointe du doigt un revers des réseaux sociaux : « Aujourd’hui, les gens se disent : Je le vois tout le temps, donc je le connais, je peux l’aborder dans la rue et lui dire des choses déplacées. On sent que les réseaux sociaux ont effacé cette distance de respect. »

« Cette montée d’adrénaline que procure l’émission est indescriptible. » – Lenny Meyers

Tous deux s’enthousiasment pour les rencontres exceptionnelles qu’ils ont faites, notamment avec des membres du Fonds National de la Recherche. « Avant Take Off, je voulais déjà décrocher un entretien avec la Luxembourg Space Agency », souligne Tim. « Grâce à l’émission, via des contacts, on m’a mis en relation avec quelqu’un d’une entreprise luxembourgeoise qui correspond au profil recherché. Je vais pouvoir faire cet entretien cette semaine. C’est pour un projet scolaire où l’on explore nos futures carrières. Take Off et ces connexions peuvent vraiment ouvrir des portes. D’ailleurs, c’est comme ça qu’ils ont découvert à la Luxembourg Space Agency un problème avec leurs e-mails : les messages externes n’arrivaient apparemment jamais. »

Des Rêves aux Réalités

Pour les deux candidats, l’émission a affiné leurs projets d’avenir. « J’ai toujours su que je voulais travailler dans le domaine spatial », affirme Tim sans détour. « Au début, je rêvais d’être pilote, puis astronaute. Au lycée, c’est la partie technique qui m’a captivé. J’ai fini par décider de devenir ingénieur, comme mon père. C’est pourquoi j’ai choisi une section B. J’en suis à ma deuxième participation au Makerspace, cet espace créatif et pluridisciplinaire pour les jeunes, présent dans beaucoup d’écoles. L’an dernier, nous avons construit un satellite pour une compétition ; il a été lancé à un kilomètre d’altitude par une petite fusée. » Cette année, leur projet est une station météo. Le rêve de Tim ? Étudier la technologie spatiale à Delft, aux Pays-Bas. « C’est la meilleure université d’Europe dans ce domaine, avec des frais d’inscription bien moins élevés qu’en Angleterre. Mon plus grand rêve serait de fonder ma propre entreprise, peut-être dans le secteur du Space Mining, qui m’intrigue beaucoup. »

Pour Lenny, le choix d’une carrière reste moins défini. « Petit, je voulais être physicien. Puis ingénieur, pour le côté pratique. Ensuite, pendant longtemps, j’ai envisagé la cardiologie ou un autre métier médical, captivé par les maladies touchant les familles. Au début du lycée, après une période difficile, je me suis tourné vers la littérature. Mon idée était de passer en section A pour étudier l’histoire, qui me passionne. » Mais Take Off a bouleversé ses perspectives. « Aujourd’hui, je suis sûr de vouloir faire de la recherche, quelque chose au service des gens ou en lien avec eux. Je pourrais aussi me voir étudier le droit. Pour moi, il faut que ce soit varié : je perds vite patience ou intérêt face à la monotonie. Et je veux laisser une trace. »

Quoi qu’il arrive le 30 mars 2025 sur le podium de Take Off, cette aventure restera unique pour Tim Dupont et Lenny Meyers. Ils ne peuvent que l’encourager auprès des autres jeunes. « C’est une initiative incroyable. Cette émission est bénéfique pour l’avenir du pays, car elle stimule les jeunes attirés par la science », estime Lenny. « Le Luxembourg veut jouer un rôle sur la scène mondiale, et la science y est cruciale. Quand on voit Trump réduire les fonds pour la recherche et les universités en Amérique, c’est justement le moment pour nous d’investir dans ce domaine. »

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