Le Collège des bourgmestre et échevin·e·s de la Commune de Sanem aborde l’avenir avec optimisme. La commune peut s’appuyer sur des investissements passés et planifier avec perspicacité. La bourgmestre Simone Asselborn-Bintz (SAB) et l’échevine des finances Nathalie Morgenthaler (NM) discutent des coûts croissants, de l’augmentation du personnel et d’une commune qui n’abandonne personne.
Le budget 2024 s’intitule « Continuité et stabilité pour la Commune de Sanem ». Comment décririez-vous de manière plus détaillée ce budget ?
SAB : C’est en effet un budget de continuité, car la composition du Collège des bourgmestre et échevin·e·s est restée la même. Nous essayons de gérer les finances avec le plus de diligence possible, tout en veillant au bien-être de la population. Notre commune est un lieu agréable à vivre, de la petite enfance à la vieillesse. Cela a toujours été notre devise.
NM : De bonnes bases ont été posées. Maintenant, il s’agit de se demander où nous serons dans 20 ou 30 ans. C’est pourquoi nous avons par exemple mis en place le Masterplan Éducation 2035, qui nous permet de définir des priorités à long terme.
La commune continue de croître. D’ici fin 2024, nous prévoyons d’accueillir notre 19 000e habitant·e. Plus de personnes, plus d’enfants, plus de seniors, plus de personnel communal – tout cela signifie plus de dépenses.
SAB : Ce qui nous préoccupe un peu, c’est la planification à long terme du personnel communal, puisque cela représente notre plus grande dépense, même en comparaison avec d’autres communes. Cette dépense s’élève à environ 63%. Je veux préciser qu’il y a une raison : tout est réalisé en interne, sans personnel externe. Ce qui signifie également : quand la commune grandit et se développe, cela nécessite davantage de personnel. Nous avons donc entrepris une analyse externe pour faire un état des lieux.
NM : C’est un processus continu. Nous essayons de surveiller constamment ce domaine. Cela a un coût, mais nous assure un bon service à nos résident·e·s. « Il est important de mentionner que nos coûts de personnel sont élevés, mais que la commune bénéficie de recettes octroyées par l’État via le Ministère de l’Éducation, de l’Enfance et de la Jeunesse, ainsi que de l’Assurance dépendance en ce qui concerne les maisons relais et à la Résidence op der Waassertrap (REWA). Nous devrions considérer ces chiffres avec prudence, étant la seule commune à gérer un tel établissement.
Une commune ne peut pas tout faire pour tout le monde – comment est-ce que vous décidez d’investir ou de ne pas investir ?
NM : Nous n’avons jamais eu à prendre une telle décision. Nous avons couvert tous les domaines, en particulier le domaine social. Même lorsque cela devient nécessaire, un projet n’est pas nécessairement rejeté. Le calendrier est alors ajusté. Les investissements qui peuvent attendre sont mis en attente.
Comment assurez-vous que les priorités soient correctement définies ?
NM : La planification se fait en fonction de l’importance. Par exemple, si un nouveau quartier est construit et qu’il manque des salles de classe, nous réagissons. Il est pertinent de mentionner le Masterplan Éducation : lors de la planification de la maison relais ici à Sanem, ce plan a révélé qu’il manquait 4 salles de classe. Nous avons donc fait des changements à court terme, alors que les plans étaient déjà presque finalisés.
SAB : Certaines choses, comme la construction d’écoles, doivent être réalisées par la commune. Nous avons la chance d’avoir des infrastructures comme l’Artikuss. Nous disposons également de salles de réunion pour nos associations, de structures d’accueil pour nos enfants et de centres culturels pour nos événements. C’est bien que l’argent ait déjà été investi et que nous puissions maintenant en profiter.
NM : Autrefois, c’était un luxe que tout soit accessible dans chaque localité.
« La planification se fait en fonction de l’importance. Par exemple, si un nouveau quartier est construit et qu’il manque des salles de classe, nous réagissons. » – Nathalie Morgenthaler
Et la Commune de Sanem ne compte pas seulement une localité, mais quatre.
SAB : C’est un défi. Nous devons expliquer aux gens pourquoi nous ne pouvons plus tout faire. Nous devons adopter une approche durable. Dans ce contexte, je voudrais également mentionner nos syndicats qui travaillent au-delà des limites géographiques des communes.
Dans quels domaines la commune continue-t-elle de lutter contre les effets de la pandémie, de la crise énergétique, de la guerre ou encore de l’inflation ?
NM : La nourriture dans nos maisons relais et dans notre REWA a augmenté de 15%. Nous dépensons 2,3 millions d’euros. Ce n’est pas le cas dans toutes les communes, mais nous attachons une grande importance au label Fairtrade et aux produits locaux.
SAB : Cela est également dû – et je le répète souvent – au fait que nous recevons environ 6 euros par enfant de la part de l’État. C’est une bonne chose, mais cette part n’a pas été ajusté depuis 20 ans. En fin de compte, nous avons 15% de dépenses alimentaires en plus, mais nous ne recevons pas plus d’argent. Même pour la construction d’une maison relais, la part financée reste la même depuis des années. Il est urgent d’agir dans ce domaine.
Non seulement l’extension du réseau routier, mais aussi l’entretien de nos routes coûte de l’argent. Comment définir les priorités ?
SAB : Notre service technique suit une liste de priorités. En cas d’urgence, nous devons bien sûr rester flexibles et réorganiser, mais normalement les décisions se basent sur l’importance. La Cité Grand-Duc Jean et la rue des Jardins à Belvaux, ainsi que la rue de Differdange à Soleuvre sont au programme cette année (2024), la Cité Kauffmann à Soleuvre l’année prochaine (2025), pour citer quelques projets concrets.
Je sais que les sites de construction qui durent dérangent. La rue d’Ehlerange est un tel exemple. Ce n’est pas toujours la faute de la commune, mais cela peut être dû à divers problèmes : conditions météorologiques, administration des ponts et chaussées, disponibilité de l’entreprise respective, …
NM : Les entreprises ne peuvent pas toujours respecter les délais, car elles sont confrontées à des problèmes de livraison. Cela a été le cas pour le parquet de la salle de sports du Sportikuss Scheierhaff. La piste d’athlétisme peut également être mentionnée dans ce contexte. Ce projet a dû être reporté en raison de contraintes de temps.
Comment les riverain·e·s peuvent-ils·elles intégrer leurs idées et visions ?
SAB : Pour certains projets, comme l’aménagement d’une cour d’école par exemple, des groupes de travail sont mis en place où les parents, enfants et le personnel de l’école peuvent participer. Un autre exemple est le terrain de basket près de l’École 2000 à Soleuvre, qui va être conçue comme un projet participatif. Les jeunes n’étaient pas ravi·e·s que leur terrain de basket bien-aimé devait céder la place à une maison relais. Nous aimerions maintenant déterminer avec eux comment optimiser cet endroit, afin qu’ils puissent y jouer au basketball à nouveau.
Autres nouveautés pour 2024 ?
SAB : Nous voulons mettre à disposition des locaux pour les médecins et les physiothérapeutes. Surtout pour les nouveaux médecins, il est difficile d’ouvrir leur propre cabinet parce qu’ils·elles manquent d’une localité. De cette manière, nous pouvons nous assurer que nos résident·e·s n’ont pas à parcourir de longues distances.
« C’est bien que l’argent ait déjà été investi et que nous puissions maintenant en profiter. » – Simone Asselborn-Bintz
NM : L’année prochaine, le football est à l’honneur – Ehlerange aura un nouveau terrain pour les équipes en-dessous de 13 ans. Ensuite, la planification de notre école au Roude Wee est prévue (là où il y aura la plus grande croissance de la jeune population), ainsi que notre piscine scolaire.
SAB : La commune a acheté l’ancien bâtiment de la poste. Ce sont de beaux espaces, mais cela a un coût s’ils doivent être rénovés pour faire des activités.
Le budget prévoit un excédent d’environ 9,4 millions d’euros. Néanmoins, la situation de la dette ne doit pas être négligée. Où en est la commune en ce qui concerne l’endettement par habitant·e ?
NM : Comme nous savions que les taux d’intérêt allaient à nouveau augmenter, nous avons pris un emprunt de 16 millions d’euros à la fin de l’année dernière pour anticiper. Le fait que nous n’ayons pas contracté de nouveau prêt cette année fait baisser notre dette. Et lorsque la dette diminue, l’endettement par habitant·e diminue également.
En chiffres, ce dernier se situe, avec nos 18 600 résident·e·s actuel·le·s au 31 décembre 2023, à 1 479 euros. En regardant vers le 31 décembre 2024, notre dette tombera à 1 377 euros avec 19 000 personnes estimées. La dette totale diminuera d’environ 38,9 millions d’euros d’ici fin 2024 pour atteindre 36,3 millions.
SAB : Nous comparons notre situation avec d’autres communes et nous ne nous en sortons pas si mal.
NM : Dans ce contexte, il est important de souligner que nous devrons mettre en œuvre de nouveaux projets dans quelques années. Bien sûr, nous devons pouvoir justifier chaque décision, mais comme mentionné précédemment, il y a des choses qu’une commune doit faire. Notre priorité reste donc les écoles.