La beauté réside dans les détails. Cela s’applique à la pétanque, mais aussi à tout ce qui s’est construit autour de ce sport au Metzerlach au fil des ans. Ce qui n’était à l’origine qu’une idée a pris forme en 1964 lors d’une fête populaire estivale. Le Cercle Boulevue Metzerlach est ainsi né sous la présidence de son fondateur, Josy Steffen, un jeune d’Esch-sur-Alzette. Le club a d’abord loué une parcelle à l’extrémité de la rue Rouge, où il n’y avait à l’époque qu’une simple aire de jeux. L’histoire complète du club est racontée dans un livre publié pour le cinquantenaire, retraçant minutieusement chaque étape. Lors de notre entretien avec Patrick et Norbert, c’est une mosaïque d’anecdotes personnelles et émouvantes qui a émergé, révélant l’essence même du club : il s’agit avant tout des gens.
« Il n’y avait pas de jalousie, car personne ne possédait grand-chose », se souvient Norbert Greven. « Le quartier abritait de nombreux Italiens, qui travaillaient dans la construction ou à l’usine. Des gens simples, des étrangers pour la plupart. C’était comme une petite Europe. » Patrick Majerus, né en 1963, se rappelle avoir roulé à tricycle dans le quartier, fasciné par ce qui se passait derrière les haies, alors qu’il jouait avec d’autres enfants tout près. « Les Italiens nous ont intégrés. Ce sont principalement eux qui ont tout construit de leurs propres mains. Et il ne fallait pas grand-chose. Avec 200 francs, tu pouvais acheter trois boules. À 7 ou 8 ans, je pouvais déjà aider quand quelqu’un manquait, et à 10 ans, j’étais totalement intégré. »
Norbert, un peu plus âgé, explique que la plupart des jeunes de Metzerlach jouaient au football ou au basket à Belvaux. « À la fin des années 60, une quinzaine de jeunes ont rejoint le Cercle, ils ont joué et se sont amusés avec nous », dit-il en riant. « Parfois, on jouait à la pétanque, mais on allait aussi sur la décharge à côté pour récupérer des bouteilles à vendre. C’était une époque pionnière, et le Boulevue était un véritable creuset social. »
« L’infrastructure a été construite par les générations précédentes. Aujourd’hui, il s’agit de la faire vivre. » – Patrick Majerus
« Si tu veux jouer à un haut niveau, tu dois être excellent, et pas question de boire une bière, encore moins du Ricard », souligne Norbert Greven. Il a lui-même participé une fois à un championnat du monde. À l’époque, il s’entraînait quatre jours par semaine, deux heures par jour, et jouait des tournois les week-ends. « Tu dois être très sérieux. La concentration joue un rôle énorme dans ce jeu, tout comme la condition physique. Le talent représente peut-être 5 %, le reste, c’est l’entraînement. Dans un tournoi sérieux qui commence à 14 heures et se termine à 22 heures, tu peux parcourir entre 10 et 15 kilomètres », explique l’ancien président. Il garde un souvenir impressionnant du Français Philippe Quintais, 12 fois champion de France et 17 fois champion du monde, qu’il compare à Michael Jordan dans le basket. Celui-ci avait été invité par le club de Schieren en 2022 à l’occasion de son 10e anniversaire.
Grâce à des efforts collectifs, le site de Metzerlach s’est agrandi au fil des décennies, et chaque centime gagné a été réinvesti. Le premier boulodrome couvert, érigé là où se trouve aujourd’hui le restaurant Stella Rosa, était une ancienne chapelle rachetée et reconstruite. Plus tard, il a été remplacé par un boulodrome national.
« Le mot ‘culturel’ n’a été ajouté au nom qu’au début des années 80 », explique Norbert. Cela reflète bien l’esprit du club, qui a toujours eu un rayonnement bien plus large que le simple cercle des boulistes. « Ici, on est en société, on n’est pas isolé, et on rencontre de nouvelles personnes. En 2006, nous avons créé plusieurs petites sections. Certains membres viennent pêcher ou jouer à la Scopa, mais ne pratiquent pas la pétanque. » Afin d’élargir le cercle des membres potentiels, une catégorie « loisirs » a été introduite avec l’aide de la fédération. Parmi les 700 membres actuels, 368 appartiennent à cette catégorie, et ce chiffre continue de croître. « Cette catégorie a commencé avec des personnes de plus de 50 ans. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de jeunes, et il y a même un championnat loisirs du club. Certains sont même passés à la compétition », explique Norbert fièrement, soulignant les efforts de recrutement du club.
« Il n’y avait pas de jalousie, car personne ne possédait grand-chose. » – Norbert Greven
« L’infrastructure a été construite par les générations précédentes. Aujourd’hui, il s’agit de la faire vivre », explique Patrick Majerus. « Tout se fait sur une base volontaire. » Aucun·e joueur·euse n’est recruté·e de l’extérieur. On a droit à une collation et une boisson, mais sans extra. Cependant, des liens humains très forts se sont tissés, notamment avec des clubs étrangers, où de profondes amitiés ont vu le jour au fil des ans. « Par exemple, nous avons un jumelage avec Ahrweiler en Allemagne, et ils viennent ici depuis des années », raconte Patrick. « Après les inondations de 2021, nous avons immédiatement fait un don personnel à nos quelques amis là-bas, et le club a également contribué. C’était une goutte d’eau dans l’océan, mais ce sont des gestes que les gens n’oublient jamais. » Il se souvient également d’un tournoi caritatif organisé pour envoyer Lara, la fille d’un joueur de pétanque, à une thérapie avec des dauphins au Mexique.
Norbert garde un excellent souvenir du 25e anniversaire du CBCBM, où une dizaine d’équipes nationales de haut niveau étaient présentes. « Le soir, nous avons organisé un concours de chansons à l’Eurovision, et chaque pays devait chanter. Nous avons chanté la Hesperkutsch, mais personne n’a rien compris », dit-il en souriant. « Les Italiens m’ont dit qu’ils avaient un cadeau pour notre Grand-Duc. Je leur ai expliqué que sans audience, cela ne servirait à rien, mais que nous pouvions organiser quelque chose en leur nom. Ils nous ont donné une douzaine de bouteilles, et je crois que c’était le meilleur Barolo que l’on puisse trouver. Mais par erreur, il n’est jamais arrivé chez le Grand-Duc. Nous l’avons bu ce soir-là avec nos spaghettis », raconte Norbert, éclatant de rire.
Le Cercle Bouliste et Culturel Belvaux-Metzerlach est un club au sens le plus noble du terme, où la solidarité entre les membres reste aujourd’hui ce qui fait battre le cœur du Metzerlach. Qu’ils soient jeunes ou âgé·e·s, qu’ils·elles viennent d’ici ou d’ailleurs, chacun·e y est accueilli comme un membre de la famille.