De bon matin, c’est vers Belvaux que nous nous dirigeons. Ce n’est pas sans but que nous y allons. Alain Willet, directeur du CIPA Résidence « Op der Waassertrap » implanté sur la localité, nous y a fixé rendez-vous pour découvrir l’endroit. Derrière les murs de ce que l’on appelle communément « maison de retraite », se cache un véritable lieu de vie et de bien-être, autant pour les résidents que les soignants.
C’est dans un couloir du première étage du bâtiment que débute notre visite. Nous faisons à peine quelques pas, qu’une dame nous salue. Elle, c’est Catherine. La conversion s’installe, elle nous invite dans son « chez-elle » pour nous raconter son histoire : « je suis arrivée ici avec mon époux, en 2012. Nous étions parmi les premiers résidents. Malheureusement, il nous a quitté en 2015. En tout, nous sommes restés mariés 66 ans ».
Loin de vouloir plomber l’ambiance, Catherine, enchaîne et nous montre alors des photos de ses enfants, petits-enfants, et même arrière-petits-enfants. Elle reconnaît avoir de la chance car ils lui rendent régulièrement visite, lui téléphonent. Entre ces moments, elle n’a pas le temps de s’ennuyer. A 92 ans, mais on lui en donnerait facilement 10 de moins, elle reconnaît ne pas trop prendre part aux activités organisées, mais apprécie se promener, « presque 2 heures par jour, dans le parc qui entoure la résidence ».
Après quelques minutes de discussion, nous laissons Catherine. Escortés par Alain Willet, nous nous dirigeons vers son bureau. À la tête d’une équipe de 140 personnes, l’homme nous explique que le Centre Intégré pour Personnes Âgées (CIPA) qu’il dirige depuis son ouverture possède 120 chambres, et qu’il se trouve sous gestion communale, « un cas unique dans le pays ».
« De l’affect se crée forcément, car on travaille avec des humains, pas des machines »
Unique. Voilà un mot qui caractérise bien la vision que possède Alain. En tant que chef d’orchestre, c’est à lui d’élaborer le projet du CIPA Résidence Op der Waassertrap. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il aime innover. Au détour d’un couloir, il nous le prouve en nous présentant Mozart… Un fidèle compagnon à 4 pattes ! Celui-ci, en qualité de mascotte, intervient auprès des résidents pour jouer un rôle thérapeutique, mais aussi social et affectif. « Mozart est adorable et fait des miracles. Grâce à lui, l’espace d’un instant, les pensionnaires oublient leur douleur. C’est pareil lorsque les enfants des crèches viennent jusqu’ici, ils arrivent alors à leur procurer quelques heures de bonheur ».
Devant la salle de fitness, « très souvent remplie, si bien que l’on doit refuser des résidents », c’est Ana Luisa, aide familiale, qui nous rejoint. Elle aussi, a débarqué au CIPA en 2012, au moment de son ouverture sur le site de Belval. « J’y ai envoyé ma candidature alors que, jusque-là, j’étais employée de bureau. J’ai été acceptée, en tant que femme de ménage. Par la suite, pour en arriver à mon poste actuel, j’ai entrepris une formation d’aide socio-familiale ».
Lorsqu’on discute avec Ana, c’est sa douceur qui nous frappe. Une qualité indispensable pour effectuer son travail quotidien. Comme elle nous l’explique, l’empathie et la patience sont tout aussi important, « il faut avoir un grand cœur » résume bien la jeune femme.
Au fil des années, celle-ci a d’ailleurs fait une grande place dans le sien pour « ses pensionnaires ». Il faut dire qu’avec le temps, et à force de les côtoyer chaque jour, des liens forts se créent entre eux, « un peu comme dans une famille ».
S’occuper pour ne pas tomber dans la solitude
Après quelques minutes de discussion, nous nous arrêtons devant la chambre d’un couple, celle de Jean-Léon et de son épouse Annie-Marie, qui fêteront tout prochainement leur 50 ans de mariage. En attendant, c’est un autre anniversaire qu’ils célèbrent au moment de notre venue : celui de Jean-Léon, qui fête ses 78 printemps. Pas mécontent, ils nous montrent d’ailleurs la carte reçue le matin-même et signée par toute la direction de l’établissement, ainsi que la bouteille offerte.
Ancien pompier, cela fait maintenant deux années que lui et sa femme ont rejoint le CIPA, après que celle-ci ait été victime d’un AVC : « après son accident, on nous a conseillé de venir ici, d’autant plus que de mon côté, j’avais un problème musculaire aux mains qui m’empêchait de prendre et de tenir des objets ».
« Venir ici, c’est clairement la meilleure chose qui pouvait nous arriver » reconnaît Jean-Léon, avant de poursuivre : « nous essayons de participer à le plus d’activités possibles. Mon épouse participe aux ateliers de gym et de chant, et moi j’aime prendre part aux jeux de quizz ». Loin de s’ennuyer, Jean-Léon est même l’un des pensionnaires à disposer d’un ordinateur et à faire ses paiements par internet… Après tout, qui a dit qu’une maison de retraite ne pouvait pas être digitale ?
Une gestion qui porte ses fruits
Avant de quitter Jean-Léon, qui s’apprête à descendre dans le restaurant pour prendre son repas, il ajoute que tout est vraiment mis en place pour faciliter sa vie : « je profite également de nombreux services proposés, comme le coiffeur, et me rend régulièrement dans la petite boutique pour effectuer quelques achats »
Avant de quitter le CIPA, nous nous entretenons une dernière fois avec Alain Willet. On ressent dans sa voix que ça lui tient vraiment à cœur de souligner l’implication de ses équipes qui mettent vraiment tout en œuvre pour accompagner les résidents, notamment à travers les activités de revalidation ou destinées à préserver l’autonomie. Il nous explique également qu’un foyer de jour pouvant accueillir 6 à 8 résidents externes existe au sein de l’établissement, tout comme un service de livraison de repas à domicile : « environ 70 repas sont livrés chaque jour, 7 jours sur 7. Pour se faire, nous avons acheté deux véhicules électriques, ce qui fait d’ailleurs de nous le seul CIPA à être certifié entreprise socialement responsable ».
En sortant de l’établissement, nous nous sommes dits que nous venions de passer quelques heures dans un lieu de vie, à mille lieux des clichés qui peuvent parfois entourer les centres pour personnes âgées. Finalement, ce n’est peut-être pas pour rien que le CIPA Résidence « Op der Waassertrap » s’est vu décerné le Prix Luxembourgeois de la Qualité et de l’Excellence.