Le week-end des 26 et 27 octobre 2024, des ateliers créatifs se sont tenus dans l’ancienne salle de musique de Sanem dans le cadre des Youth Culture Days. Le Code Club Luxembourg avait invité des jeunes dès l’âge de 10 ans à explorer la logique et l’art à travers le codage. Nous avons assisté à ces moments de réflexion.

Lorsque nous arrivons le dimanche, les esprits sont déjà en pleine effervescence lors de l’atelier Cyber-Art. À l’entrée, la présidente du Code Club Luxembourg nous accueille avec un sourire radieux. « Dès qu’on sort les robots ou les Raspberry Pi (un ordinateur simplifié conçu à des fins éducatives), l’enthousiasme est au rendez-vous », explique Marie-Paule Freyeisen. La mission des enfants : programmer et diriger un robot pour qu’il réalise une œuvre artistique d’ici la fin de l’atelier.

Cette approche didactique émane de l’organisation mère en Angleterre, affiliée à la Fondation Raspberry Pi. L’objectif : permettre aux jeunes d’exploiter leur potentiel à travers les technologies numériques et l’informatique, en travaillant de manière ciblée avec ordinateurs et algorithmes, et ce, de manière ludique et accessible. « Comme vous pouvez le constater ici, la collaboration et le travail en groupe jouent également un rôle essentiel. On est incité à échanger avec les autres », précise Marie-Paule, qui a initialement rejoint l’association pour traduire les cours, originellement en anglais, avant d’assumer davantage de responsabilités. « En plus, nous proposons un mentorat », ajoute-t-elle.

Ce programme est notamment mis en oeuvre par l’un des cofondateurs du Code Club Luxembourg, Patrick Welfringer, qui a importé l’idée en 2013. Lors de l’atelier à Sanem, Patrick, l’unique employé de l’ASBL, se montre particulièrement à l’écoute des enfants. Il explique les consignes, mais répond également de manière individualisée aux questions et propositions. « Grâce à mes études et à des collègues, j’avais appris il y a 11 ans qu’un projet innovant voyait le jour en Angleterre. L’idée était excellente, car j’avais déjà essayé de motiver mes propres enfants à programmer. Mais les enfants manquent de patience, et sans cadre ni fil conducteur, c’est difficile », confie Patrick. En tant que membre d’une communauté branchée, il a posé les bases du projet au Luxembourg.

Les deux dernières années, plus de deux millions de jeunes dans une centaine de pays ont participé. « Nous avons maintenant un partenariat solide avec le Service national de la jeunesse, qui gère également le Makerspace au Forum Geesseknäppchen, à Luxembourg-Ville. Tout jeune de 8 à 30 ans peut y venir en semaine l’après-midi pour créer et expérimenter avec des technologies modernes. Il y a toujours des coachs pour les accompagner », se réjouit Patrick, qui travaille trois jours par semaine pour le SNJ et deux jours pour le Code Club.

« Ce n’est pas de la magie. » – Marie-Paule Freyeisen

L‘association ne parle pas de « leçons », mais de « projets » qui se suivent. « Nous utilisons le langage de programmation Scratch, développé par le MIT (Massachusetts Institute of Technology). C’est parfait pour les débutants. On ne peut pas se tromper en tapant du code, car on travaille avec des blocs qui s’assemblent », explique Patrick Welfringer. Les enfants prennent visiblement plaisir à combiner ces blocs et à construire des structures de plus en plus complexes. « Des études en Angleterre ont montré que les enfants qui apprennent à programmer développent de meilleures capacités de réflexion logique. Car avant tout, ils doivent toujours se poser la question : “Que veux-je faire ?” », poursuit Patrick.

En termes techniques, cela s’appelle la pensée computationnelle : décomposer un problème en petites étapes. « Une fois que tout est clair dans la tête, le codage peut commencer », conclut Patrick. « Les enfants n’ont aucune crainte d’essayer. La leçon la plus importante pour la vie, c’est qu’il n’existe pas une solution unique à un problème. Parfois, la solution la plus simple est préférable à la plus rapide. »

Parmi les participant·e·s à l’atelier, on trouve aussi Mondher Labidi. « J’ai découvert le club lors de recherches personnelles, car mon fils est très doué en programmation et je suis moi-même informaticien », explique ce bénévole, dont l’aînée suit également des cours de programmation en ligne. « Elle programme parfois des jeux pour ses frères et sœurs. J’ai même installé un mini-laboratoire dans notre cave pour l’un de mes fils, et il s’en sort déjà très bien. »

Selon lui, tous les enfants devraient apprendre à programmer. « Logique, organisation, flexibilité cognitive… Cela apprend que les difficultés ne sont pas des obstacles, mais des défis, et à développer de la patience. On découvre l‘envie de trouver des solutions », conclut Mondher, qui insiste également sur l’importance de créer activement quelque chose, plutôt que d’être un simple consommateur passif. « La programmation est une langue universelle. En outre, les programmeurs sont toujours très demandés. Ici, au Luxembourg, les besoins sont énormes. »

« Les enfants n’ont aucune crainte d’essayer. » – Patrick Welfringer

Mondher Labidi a participé pendant un an aux activités du club à Esch, mais souhaiterait en ouvrir un dans la Commune de Sanem. L’association vise à s’étendre dans tout le pays. « Nous créons des clubs partout où nous trouvons des bénévoles », explique Patrick Welfringer. Marie-Paule Freyeisen ajoute : « On ne peut pas attendre de tout le monde qu’ils se déplacent jusqu’à Luxembourg-Ville. Pendant le Covid, nous avons perdu des membres, car beaucoup restent engagés trois ou quatre ans avant de partir quand leurs enfants grandissent. Cela nous pousse à nous remettre régulièrement en question », précise la présidente. Le codage séduit également de plus en plus de filles, et des jeunes de tous horizons participent.

« Pour démarrer, il suffit d’une salle et de 2 ou 3 bénévoles. Nul besoin d’avoir des compétences en codage ou en informatique. Nous faisons d’abord une vérification des antécédents, puis les formons sur le plan pédagogique et technique pendant une dizaine d’heures. Ensuite, ils peuvent se lancer. » Les clubs se réunissent généralement une heure par semaine. Le Code Club peut fournir le matériel, et il existe de nombreuses ressources et formations en ligne.

« Ce n’est pas de la magie », insiste Marie-Paule. « Et si un coach est bloqué, ce sont souvent les enfants qui trouvent une solution. C’est formidable de voir leur évolution. Certains, qui sont aujourd’hui en âge d’aller à l’université, étudient même la programmation. Grâce au club, certains ont déjà participé à des compétitions internationales. »

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