La solitude touche de nombreuses personnes au Luxembourg, qu’elles soient âgées, isolées ou simplement en manque d’interactions sociales. Pour y remédier, le service IRIS de la Croix-Rouge luxembourgeoise propose un accompagnement bénévole, basé sur l’écoute et la présence bienveillante. À travers des rencontres régulières, les bénévoles offrent un précieux soutien à ceux·celles qui en ont besoin, créant ainsi de véritables liens humains.
Un samedi ensoleillé de mars, nous avons rendez-vous chez Madame Suzette. Assise dans son fauteuil roulant, elle nous accueille avec un large sourire. À ses côtés, Vanessa, bénévole au sein du service IRIS de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Ces deux femmes ont tissé un lien fort, entre rires, complicité et chocolat, comme nous l’apprendrons plus tard. Lorsque Vanessa a entendu parler du service IRIS, elle avait du temps à donner. « On m’a proposé cette mission et je me suis dit : ‘pourquoi pas ?’ » raconte-t-elle. Originaire de la région parisienne, elle s’est installée au Luxembourg depuis quelques années. « Je n’ai pas beaucoup de famille ici, alors j’avais du temps. » C’est ainsi qu’en 2023, après une formation de deux mois, elle rejoint la Croix-Rouge en tant que bénévole. Son premier accompagnement ? Madame Suzette. « Dès la première rencontre, on s’est bien entendues », dit Vanessa. À ses côtés, Madame Suzette éclate de rire : « Oh oui, tout de suite ! »
Yanica Reichel, coordinatrice du service, explique que ces premières rencontres sont toujours accompagnées par un membre de l’équipe. « C’est un moment un peu stressant pour tout le monde, On se demande si ça ira. » Ici, il n’y avait aucun doute. Depuis un an et demi, Vanessa rend visite à Madame Suzette chaque samedi, parfois aussi le dimanche, si elle ne peut pas aller samedi. « La semaine, elle est bien occupée avec les aides à domicile. Le week-end, elle est seule, alors je viens. »
« C’est un lien d’amitié qui s’est créé, et je suis heureuse que cela ait évolué ainsi. » – Vanessa, bénévole du Service IRIS
Les deux femmes passent ces heures ensemble chez Madame Suzette. « Elle ne sort pas trop, et avec le fauteuil roulant, ce n’est pas toujours évident. Mais le temps file à une vitesse incroyable quand on est ensemble ! » confie Vanessa. Au programme : discussions, apprentissage du numérique, café et chocolat. « On oublie beaucoup, mais le laptop fonctionne encore », plaisante Madame Suzette. Et les nouvelles technologies ? « Avec son iPhone, elle se débrouille déjà très bien ! » s’amuse Vanessa.
Un engagement réciproque
Dans ce binôme, l’adaptation est la clé. « On n’a jamais une rencontre typique, c’est toujours différent », souligne Vanessa. Un café, un peu de compagnie, et surtout une présence chaleureuse. « Il ne faut pas faire grand-chose, il faut juste être là », insiste Yanica Reichel.
L’intégration des bénévoles se fait avec soin. « Nous recherchons toujours des personnes proches géographiquement et qui parlent la langue de la personne accompagnée. Ce n’est pas une simple mise en relation, nous voulons créer de vrais liens », explique-t-elle. Vanessa a eu de la chance : son premier accompagnement a été une réussite immédiate. « On dirait presque des copines ! » lance Madame Suzette, malicieuse. Actuellement, le service IRIS est en pleine recherche de nouveaux bénévoles, notamment des personnes parlant luxembourgeois. Parfois, les bénéficiaires sont plus à l’aise dans leur langue maternelle, c’est pourquoi la Croix-Rouge a un grand besoin de bénévoles luxembourgeophones. Une nouvelle formation démarre en avril, et les personnes intéressées sont invitées à s’engager.
Plus qu’un bénévolat, une amitié
Au fil des mois, la relation entre Vanessa et Madame Suzette s’est enrichie. « C’est un lien d’amitié qui s’est créé, et je suis heureuse que cela ait évolué ainsi », confie Vanessa. Une complicité qui s’étend même à la famille : sa mère et sa fille ont eu l’occasion de rencontrer Madame Suzette. « C’était important pour moi de les lui présenter », dit-elle avec émotion.
Madame Suzette se souvient de cette rencontre avec tendresse. Pour Yanica Reichel, c’est justement cela qui rend ces liens si précieux : « Vanessa connaît le quotidien de Madame Suzette, et maintenant, Madame Suzette connaît aussi un peu celui de Vanessa. C’est un vrai échange de vie. » D’ailleurs, les bénévoles ont la possibilité d’impliquer leurs proches dans ces rencontres, si cela est discuté et approuvé. « Certains viennent parfois avec leurs enfants ou un membre de leur famille, et cela enrichit encore plus l’expérience », ajoute Yanica.
« Il ne faut pas faire grand-chose, il faut juste être là. » – Yanica Reichel, Service IRIS de la Croix-Rouge
Cette dernière observe ce duo avec admiration. « Dans ces accompagnements, tout le monde reçoit quelque chose. Il ne s’agit pas seulement d’aider, c’est un échange humain profond. » Au sein du service IRIS, la stabilité est essentielle. « L’idéal, c’est un engagement d’un à deux ans minimum. Trop de changements ne sont pas bénéfiques », explique Yanica Reichel. Vanessa le confirme : « Quand je pars en vacances de deux semaines, il n’y a personne pour me remplacer. Alors on fait une pause. » Madame Suzette acquiesce en souriant : « J’attends son retour. »
Un engagement à long terme
L’histoire de Vanessa et Madame Suzette est une belle illustration de ce que peut être le bénévolat : un engagement sincère, où donner et recevoir se confondent. Leur relation prouve qu’un simple engagement bénévole peut avoir un impact profond, tant pour la personne accompagnée que pour le·la bénévole. Et comme le dit si bien Madame Suzette : « Maintenant que j’ai ma Vanessa, je suis contente ! »
Voulez-vous devenir bénévole vous-mêmes ? Plus d’informations sur le site de la Croix-Rouge.