Dans le cadre de la Journée internationale des femmes et des filles de science, nous avons rencontré la Dr Elisabeth John, biologiste et responsable du Scienteens Lab de l’Université du Luxembourg. Né d’une simple idée, éveiller la curiosité des nouvelles générations pour la recherche scientifique, ce laboratoire pour les jeunes s’est transformé en véritable success story au cours des neuf dernières années.
Le Scienteens Lab propose actuellement des activités en biologie, mathématiques, physique et depuis récemment en informatique sur les différents campus de l’université. « Notre ambition est de montrer aux élèves ce qu’est la recherche dans ces domaines, quelles sont les carrières possibles et ce à quoi leur avenir pourrait ressembler. Le Scienteens Lab s’adresse aux garçons comme aux filles, et nous avons à cœur de promouvoir cette égalité car beaucoup de disciplines scientifiques sont encore perçues comme des domaines masculins », explique Elisabeth John.
„Tell me and I forget,
Teach me and I may remember,
Involve me and I learn“ (Confucius)
La citation de Confucius reflète très bien la méthode et la devise du Scienteens Lab : « Raconte-moi et j’oublierai, instruis-moi et je me souviendrai éventuellement, implique-moi et j’apprendrai ».
Elisabeth John explique : « Il est important que les jeunes aquièrent leur propre expérience et participent activement. En mettant la main à la pâte et en réalisant eux-même des expériences, les élèves tirent leur propre conclusion et comprennent mieux ce qui se passe. C’est une histoire de motivation et de conviction, ça facilite leur apprentissage. »
Dans cette optique et pour proposer de nouvelles opportunités pour les « filles de science », le Scienteens Lab est en train de développer une nouvelle activité en informatique : Digital Girls, une plateforme permettant aux jeunes filles d’explorer le monde digital. Dans un première temps, les participantes auront accès à des ressources en ligne : elles pourront suivre des tutoriels à leur rythme, échanger entre elles et avec des femmes travaillant dans le domaine de l’informatique, des chercheuses de l’université par exemple. À terme, l’idée est aussi de proposer des activités en présentiel – un atelier pour apprendre à faire danser un robot par exemple ou un hackathon – afin de permettre aux filles de se rencontrer et de progresser.
En mettant la main à la pâte et en réalisant eux-mêmes des expériences, les élèves tirent leur propre conclusion et comprennent mieux ce qui se passe.
„Teamwork makes the dream work“ (John C. Maxwell)
Le Scienteens Lab est une machine bien huilée et surtout un travail d’équipe. La responsable du « Labo fir Jonker » nous informe avec enthousiasme que c’est grâce à une équipe motivée que le Scienteens Lab a pu traverser la pandémie, s’adapter et proposer des activités à de nombreux élèves malgré la situation. Le Scienteens Lab a rapidement proposé des ateliers en ligne et l’équipe s’est également déplacée dans les différentes écoles. « De cette façon, nous avons pu élargir notre répertoire, nos compétences et notre clientèle. Grâce à la réactivité et à la motivation de l’équipe pour s’adapter à la nouvelle situation, nous avons pu accumuler de nouvelles expériences », souligne Elisabeth John. Elle ne se lasse pas de louer son équipe qui compte aujourd’hui six membres travaillant en collaboration avec des professeurs de lycées et des chercheurs de l’université.
À l’avenir, Elisabeth John souhaiterait inclure d’autres disciplines scientifiques dans les activités du Scienteens Lab, comme les sciences humaines par exemple, permettant de franchir un pas de plus d’interdisciplinarité. Selon la biologiste, il y a des connexions partout : « Ce n’est que pendant mon bac que j’ai pris conscience du fait que les maths, la physique, la biologie et la chimie étaient liées. J’aimerais que les jeunes réalisent cela plus tôt car de nos jours c’est fondamental dans l’enseignement et la recherche. Une méthode qui favorise cette approche multidisciplinaire est déjà répandue en Finlande. Nous essayons de mettre en œuvre quelque chose de similaire lors de notre Scienteens Academy, une école d’été de plusieurs jours qui permet aux filles et garçons intéressés de se glisser dans la peau de scientifiques et de s’initier à plusieurs disciplines. »
Croyez en vous, lancez-vous et ça marchera.
Learning by doing (John Dewey)
Même si les femmes ont aujourd’hui plus d’opportunités qu’il y a 50 ou 60 ans, la journée internationale dédiée aux femmes et des filles de science est importante pour accroître leur visibilité et pour faire découvrir aux jeunes plus de modèles féminins dans les disciplines STIM (sciences naturelles, technologie, ingénierie et mathématiques). Les femmes et les filles peuvent se passionner pour ces domaines et y faire carrière aussi bien que les hommes. « Il est important pour moi de donner aux jeunes femmes et filles de la confiance en elles. Il faut qu’elles sachent qu’elle peuveut devenir ce qu’elles veulent, quelle que soit leur origine sociale ou leur histoire personnelle », souligne la responsable du Scienteens Lab.
Cette confiance en soi a joué un rôle important dans la vie de la biologiste, notamment quand il s’est agit de concilier travail et vie de famille. Elle est aujourd’hui l’heureuse maman d’un petit garçon et n’imagine pas sa vie autrement. « C’est très simple », rigole Elisabeth John, « Si vous pensez immédiatement que ça ne fonctionnera pas, alors ça ne fonctionnera pas. Il faut tout tenter et apprendre sur le tas, learning by doing comme on dit en anglais. Croyez en vous, lancez-vous et ça marchera. »
