En interview : Tine Thing Helseth, fondatrice et leader de tenThing Brass, un ensemble norvégien qui enchante les publics depuis sa création. Avant le concert le 13 février 2025 au Artikuss. Tine nous a partagé des moments marquants sur scène et les défis qu’elles ont surmontés en tant qu’ensemble exclusivement féminin.
« Je suis actuellement à l’aéroport, j’espère que vous m’entendez bien », nous dit Tine dans un message vocal. « Désolée pour la réponse tardive, je viens juste d’arriver à Heathrow après cinq semaines passées aux États-Unis. Je reviens de Seattle. »
La naissance de tenThing Brass
Interrogée sur les origines de tenThing Brass, Tine nous raconte l’inspiration qui l’a poussée à fonder l’ensemble et l’évolution du groupe au fil des années. « Mes trois collègues trompettistes et moi, nous avons étudié ensemble. Quand nous étions à l’école, nous voulions créer un ensemble », se souvient-elle. « Nous avions assisté à un concert de Noël donné par un ensemble à cordes de l’école, ils jouaient une musique formidable, et nous voulions faire la même chose. Alors nous avons décidé de former un ensemble de dix musiciennes. » Cela remonte à 17 ans. « Notre premier concert a eu lieu le jour de mes 20 ans. Bien sûr, à l’époque, nous n’avions aucune idée que cela durerait aussi longtemps, et c’est quelque chose de spécial. »
« Avant tout, c’est agréable de faire de la musique avec des amies. Et le son que nous produisons, nous le devons à ces dix personnes qui se rencontrent. » – Tine Thing Helseth
Elle évoque aussi son rôle de leader : « Chacune apporte sa propre voix musicale et une musicalité incroyable. Être la leader – ou comme disent les filles, la ‘boss lady’ – c’est un rôle que j’apprécie, car j’aime orienter la musique dans sa globalité. » Elle poursuit : « C’est agréable de faire partie de quelque chose comme ça. Avant tout, c’est agréable de faire de la musique avec des amies. Et le son que nous produisons, nous le devons à ces dix personnes qui se rencontrent ».
Pour Tine, la scène est un lieu de connexion profonde avec le public. « Je pense que l’essentiel est de rencontrer le public là où il se trouve. J’aime échanger avec le public, car je veux qu’on se sente sur un pied d’égalité », explique-t-elle. « Nous ne sommes pas au-dessus du public, et la manière dont nous faisons de la musique ne serait pas la même sans lui. » Elle nous raconte un moment inoubliable : « Nous avons joué dans des lieux incroyables, et une fois, nous avons joué dans les Dolomites, à près de 3 000 mètres d’altitude. C’était une expérience unique à tous points de vue, rien que le fait de monter là-haut en téléphérique avec le public, puis de jouer directement sur la montagne. »
Pour Tine, il n’y a pas de grande différence entre son projet solo et tenThing Brass : « Que je sois devant un orchestre ou au sein d’un groupe, cela revient au même. Il s’agit toujours de jouer ensemble et pour le public. Et nous jouons simplement la musique que nous avons envie de jouer. »
Les défis dans l’industrie musicale
En tant qu’ensemble exclusivement féminin, tenThing Brass a dû relever certains défis dans l’industrie musicale. « Pour moi, il n’y avait rien d’étrange à jouer de la trompette, ou à voir d’autres filles jouer du tuba ou du trombone, c’était normal. Ce n’est qu’en grandissant et en voyageant que j’ai réalisé que ce n’était pas pareil partout. » Aujourd’hui, elle constate qu’il y a « presque plus de filles que de garçons qui étudient la trompette. » Elle espère que leur parcours a pu inspirer certaines personnes et montrer que l’on n’a pas besoin de suivre les courants dominants pour réussir.
Pour Tine, la musique est un puissant vecteur de rassemblement : « C’est ce dont nous avons besoin en tant que société. Je crois que les arts sont une part essentielle de ce qui rend la vie digne d’être vécue, en favorisant la connexion entre les êtres humains. » Tine nous confie que ce ne sera pas sa première visite au Luxembourg. Elle y a déjà joué avec l’Orchestre Philharmonique. « Je trouve que c’est une ville magnifique. Je ne sais pas combien de temps nous aurons, mais nous explorerons certainement, et je montrerai aux filles les endroits où je suis déjà allée. »
« Je crois que les arts sont une part essentielle de ce qui rend la vie digne d’être vécue, en favorisant la connexion entre les êtres humains. » – Tine Thing Helseth
Pour les fans impatients de découvrir tenThing Brass à l’Artikuss, Tine nous donne un aperçu de ce qu’ils·elles peuvent attendre du concert : « Nous aimons différents styles de musique, et nous les interprétons de manière décontractée. Nous voulons créer un lien avec le public, et nous espérons qu’il prendra plaisir à passer une soirée avec nous. » Enfin, Tine nous parle des futurs projets de tenThing Brass : « Je suis très enthousiaste au sujet du projet que nous venons de terminer », commence-t-elle. « Nous venons de sortir un album intitulé She Composes Like a Man, réunissant des œuvres de compositrices. » Le titre de l’album fait référence à un événement particulier : « Une compositrice, Ethel Smythe, a reçu un jour une critique où le plus grand compliment qu’on pouvait lui faire était qu’elle composait comme un homme. C’était censé être un éloge pour sa musique. Nous avons donc eu l’idée de rassembler de la grande musique, et il se trouve qu’elle est composée uniquement par des femmes. Je trouve que c’est important. »