Georges Engel, bourgmestre de la Commune de Sanem, fait partie de ceux qui portent en eux une envie profonde, un désir impérieux qui les poussent à relever les défis pour leur communauté. Rencontre avec un élu pas comme les autres… pour une journée pas comme les autres.
LE CHANT DU COQ
Georges Engel fait partie de la catégorie des « petits dormeurs », de ceux qui ne croient guerre à l’inaction, à l’oisiveté, mère de tous les vices. Couche-tard / lève-tôt, notre homme ne laisse que peu de place à l’inertie. « Je ne dors que 5 à 6 heures par nuit environ. Et lorsque j’ouvre les yeux, mon premier réflexe est de consulter mon gsm. Je lis les messages reçus, je parcours Twitter, Facebook, mais aussi RTL et les autres médias… » Un réveil sur fond de cérémonial pour celui qui envisage la position de bourgmestre à la manière d’un sacerdoce. « L’intérêt pour ce qui se passe dans la commune et les soucis que l’on se fait pour elle, c’est 24h/24 et 7 jours/7. »
UN HOMME PRESSÉ
Pour Georges, les petits déjeuners ne se prennent que rarement en famille. Notre homme vit « sur le pouce », entre déplacements vers la ville pour une commission et impératifs liés à sa fonction de bourgmestre. « Mon quotidien est largement rythmé par mon mandat, par la vie de ma commune et mon travail » explique-t-il, une tasse de café à la main. Car Georges, s’il reste fan des années 80 et 90, est un homme qui coïncide avec son temps. Loin d’être un simple spectateur de l’actualité, il distille l’information, jauge, cogite, raisonne. Bourgmestre de la commune de Sanem, député, président de la fraction socialiste à la Chambre, il est ultra-connecté aux réalités de sa commune et à une plus vaste échelle, de son pays : « C’est sûr que ce qui se passe dans les communes avoisinantes et les autres communes dont je connais le bourgmestre, cela m’intéresse aussi. Si de bonnes pratiques existent dans d’autres communes, pourquoi ne pas les mettre en application au sein de sa propre entité » explique Georges.
UNE CONVICTION SANS FAILLE
Lorsque la question lui est posée de savoir comment il est entré en politique, son regard s’illumine d’une franche conviction : « je préfère être acteur, faire partie de ceux qui décident plutôt que de laisser les autres décider pour moi » s’empresse-t-il de confier. Issu d’une famille au sein de laquelle la politique a toujours eu sa place, cet assistant d’hygiène sociale formé à Bruxelles, a très naturellement choisi sa filiation politique en 1993 en adhérant au parti socialiste : « Je suis un socialiste vert dans l’âme. C’est très certainement lié à mes origines sudistes… » Car oui, en véritable enfant du pays, Georges Engel puise son engagement et la force qui dicte ses actions pour sa commune dans un amour et un respect profond des traditions qui unissent le territoire et ses habitants à un passé sidérurgique toujours bien présent.
Celui qui se revendique comme un digne héritier d’Alex Bodry, joue la carte d’une politique intelligente, basée sur le compromis, la pratique du terrain, à cent lieues des poncifs qui voudraient que le « jeu politique » se déroule à couteaux tirés. Georges Engel gère sa commune « en bon père de famille ». Et l’on croise volontiers Georges dans les allées du Wanterfeeling, dans les tribunes d’un terrain de football ou noyé dans le public lors d’un concert à l’Artikuss. « En tant que bourgmestre, je me dois d’être polyvalent. Je suis le coordinateur de tous les travaux qui sont réalisés dans la commune. Je dois donc avoir de bonnes connaissances dans les différents domaines, comme le milieu scolaire, la culture, le sport, le bâtiment, les services techniques, les maisons relais, les maisons de retraites, le personnel. Il importe d’avoir une maîtrise globale et une vision d’ensemble de tout ce qui se passe au sein de la commune » confie-t-il. Et lorsque l’on évoque un possible essoufflement de son engagement, il revient sur son tout premier discours en tant que bourgmestre lors d’un événement dédié à la vitolphilie (collection des bagues à cigare) : « J’avais un trac pas possible et je ne connaissais rien au sujet. Mais à mesure que je rencontrais les collectionneurs, mon intérêt grandissait et ma peur s’amenuisait. La curiosité est un très joli défaut pour un bourgmestre (rires), et la source de ma passion d’ailleurs ».
KLAPP DEN ENGEL
Cet infatigable homme de terrain, nous le retrouvons un glacial soir de novembre à l’Artikuss pour « Klapp den Engel », sorte de duel télévisé qui voient s’affronter Georges et un redoutable participant dans une succession d’épreuves physiques et intellectuelles. Plusieurs centaines de personnes se massent dans une ambiance joviale pour soutenir, mais sans doute aussi évaluer, celui qui se positionne comme le challenger de la soirée. La salle est pleine à craquer. Les tables s’alignent à n’en plus finir. Les verres se vident et l’atmosphère s’électrise jusqu’à l’entrée dans la salle du bourgmestre. Cerclé d’une éclatante lumière blanche, Georges Engel met le public dans sa poche à la première seconde. « Eye of the Tiger » résonne dans les murs pendant que Georges enchaîne accolades et « high five » avec un public déjà conquis. Face à lui, un compétiteur féroce qui ne lui laissera aucun répit. Mais surtout, plusieurs centaines de ses administrés qu’il ne veut pour rien au monde décevoir. Suant sang et eau, le bourgmestre ne se défait pas de sa bonne humeur.
Mais le corps a ses limites et Georges a su les entendre. C’est au terme de la troisième épreuve sur le score de 3-3 que le bourgmestre est, bien malgré lui, contraint d’abandonner la partie. Un silence plane dans la salle. Le public est médusé, sonné. L’infatigable Georges écoute la voix de la raison et bat en retraite, appuyé par une audience qui aura rapidement compris que derrière l’inébranlable pilier de la Commune de Sanem se cache… « Monsieur tout le monde ».
UNE VIE APRÈS LE MANDAT
Bourgmestre depuis 2005, Georges Engel déroule avec fierté son troisième mandat. Conscient du fait qu’il reste toujours à faire, il dresse un bilan positif des 14 années au poste de pilotage d’une commune où il fait toujours mieux vivre : « Aujourd’hui nous avons une très belle salle culturelle, un centre sportif, une toute nouvelle école, un nouveau corps de pompiers … Tout cela n’existait pas quand je suis arrivé en 2005. Il n’y avaient même pas encore d’habitants au Belval. Mais il faudrait avant tout demander l’avis des citoyens pour savoir s’ils sont satisfaits, s’ils se sentent bien dans leur commune. En tout cas, nous aurons tout fait pour que ce soit le cas ! » Celui qui ne s’est jamais défini que par sa fonction de bourgmestre préfère ne pas encore songer à son après-mandat. Lorsqu’on le lance sur le sujet, le regard se remplit d’émotion : « Je suis toujours resté l’homme que je suis, et resterai le même après mon mandat. »